MC93 Bobigny
2007
3 spectacles
Barthes, le questionneur en 3 volets
Les trois volets ont été construits en écho l’un à l’autre. Trois volets, qui font découvrir des facettes différentes de Barthes et ses écrits.
Le premier volet sur l’engagement dans la littérature et la littérature de l’engagement.
Le deuxième volet s’inspire des chroniques, que Barthes a écrit dans le Nouvel Obs. Sa manière de dire les petits riens du monde.
Le troisième volet est sur Barthes et le théâtre.
Ces trois volets ont été créés dans trois scénographies différentes, qui sont trois installations.
Barthes 1 ou Prologue : La lecture en fragment.
Qu’est-ce qu’il y a de Désir dans la lecture ?
Y a-t-il des plaisirs différents de lecture ?
Y a-t-il une typologie possible de ces plaisirs ?
Roland Barthes
Barthes 2 : La forme douce.
Non, ce ne sont pas des « Mythologies » ; plutôt le relevé de quelques incidents qui marquent, à la semaine, ma sensibilité, telle qu’elle reçoit le monde des incitations ou des coups : mes scoops à moi, qui ne sont pas directement ceux de l’actualité. Pourquoi alors les donner ? Pourquoi donner le ténu, le futile, l’insignifiant, pourquoi risquer l’accusation de dire des « riens » ? La pensée de cette tentative est la suivante : l’événement dont s’occupe la presse paraît une chose toute simple ; je veux dire : il apparaît toujours à l’évidence que c’est un « événement », et cet événement est fort. Mais, s’il y avait aussi des événements « faibles » dont la ténuité ne laisse pas cependant d’agiter du sens, de désigner ce qui dans le monde « ne va pas bien » ? Bref, si l’on s’occupait peu à peu, patiemment, de remanier la grille des intensités ?
« La chronique » de Roland Barthes
Le Nouvel Observateur, 1979
Barthes 3 : J’aime le théâtre, mais parfois non.
Le moment où le Berliner Ensemble est venu jouer à Paris. Cette illumination a été un incendie : il n’est plus rien resté devant mes yeux du théâtre français ; entre le Berliner et les autres théâtres, je n’ai pas eu conscience d’une différence de degré, mais de nature et presque d’histoire. D’où le caractère pour moi radical de l’expérience. Brecht m’a fait passé le goût de tout théâtre imparfait, et c’est je crois, depuis ce moment, que je ne vais plus au théâtre.
Roland Barthes
Pourquoi Barthes aujourd’hui ?
Mais pourquoi Barthes ?
Et pourquoi les questions de Barthes ? Et pourquoi les questions de Barthes aujourd’hui ?
De ses premiers articles à sa mort, l’œuvre de Roland Barthes est traversée de questions : questions sans réponses, questions de fond, questions malicieuses, comiques, graves, terribles… Persida Asllani, qui a soutenu sa thèse sur Roland Barthes sous la direction de Francis Marmande, a recensé et aligné les 1920 questions que l’on rencontre au fil de Barthes.
Autant dire un chiffre vertigineux. Et aussi une évidence (ou deux) qui apparaît. Qu’il ne suffit pas de poser une question pour qu’elle en soit une.
Que nous sommes plutôt à une époque où nous cherchons des réponses à des questions que nous ne savons plus poser.
Et c’est bien de notre époque dont il est question ici, et de la manière dont nous l’habitons. Et de la manière dont nous devons l’interroger.
Les questions de Barthes sont la matière littéraire et artistique : base de notre travail pour interroger nos « mythologies » d’aujourd’hui, pour provoquer des rencontres, des réflexions, des « écritures » .
Comment a été construit ce projet ?
Les questions sur notre mythologie ont été recueillies de deux manières complémentaires l’une à l’autre :
– un travail d’atelier d’écriture, des lectures de débats, afin de recueillir des paroles de citoyens, d’intellectuels, d’artistes, de spectateurs, et de continuer ainsi un geste de « mythologue » Ce travail a été mené par Nicolas Bigards de janvier à juin 2007.
La particularité de ces « petites formes » a résidé dans le fait que nous avons associé à leur élaboration des habitants de la Seine-Saint-Denis, des élèves d’établissements partenaires de la Maison de la Culture, ou des étudiants des universités d’Ile-de-France sous forme d’ateliers d’écriture.
Les textes qui ont été produits durant ces ateliers ont été intégrés dans le deuxième et troisième volets. Tous les textes sont édités dans un recueil.
Les participants à ces ateliers ont assisté aux répétitions et sont présents sur le plateau. C’est une manière, non pas de répondre à Roland Barthes, mais de continuer le geste barthésien et d’interroger ainsi les mythes de notre époque, de les confronter, de voir apparaître aussi bien ceux qui se sont maintenus que les nouvelles configurations, de questionner le monde qui nous entoure par ce regard décalé et critique.
– un blog, qui permet une forme que n’aurait pas renié Barthes, celle que l’on pourrait appeler « la chronique », une « forme douce », ou mineure. Ce blog relate à la fois le travail en train de se faire autour des lectures, suivant, années après années, les questions de Barthes. Le blog permet aussi, et surtout, à des contributeurs (participants aux ateliers d’écriture, étudiants, lycéens, spectateurs, curieux, artistes…) d’enrichir la réflexion.